mardi 29 mars 2011

Interview de MH MATHIEU, fondatrice de L'OCH

Marthe Robin a inspiré la fondation de l'OCH et accompagné la naissance et le rayonnement de Foi et Lumière. Quel souvenir en particulier gardez-vous de ces rencontres ?

Le souvenir le plus indélébile que je garde de Marthe Robin est celui de ma première visite à Marthe le 21 novembre 1957. J’étais si émue de rencontrer Marthe : entièrement paralysée, ne pouvant supporter la lumière, elle ne vivait que de l’Eucharistie et portait les stigmates de Jésus. Entrée dans la pénombre de sa petite chambre, j’entends une voix jeune et chaleureuse : "Qui êtes-vous ? Que faites-vous ?" Elle s’intéresse vivement aux petites filles handicapées mentales et épileptiques à qui je fais la catéchèse avec deux ou trois stagiaires de l’école d’éducateurs spécialisés. Comme si Marthe voulait ainsi souligner parmi mes tâches, celle qui lui semble la plus importante. Dix petites minutes de conversation. Je sors dans la cour, inondée d’un grand soleil, puis je dévale la colline en courant, avec ces paroles du psaume : "Tu as dilaté mon cœur et j’ai couru dans la voix de tes commandements" (Ps 118, 32). La rencontre avec Marthe, insérée durant la retraite au foyer de charité de Chateauneuf-de-Galaure (Drôme), a marqué une nouvelle étape, la découverte d’un Dieu Amour, qui n’est qu’Amour, et dont la joie est de pardonner.


Qu’est-ce qui vous a le plus marquée dans sa personnalité, sa foi ?



Auprès de Marthe et au cours des retraites de laïcs qu’elle avait lancées, j’ai découvert ce que quelques années plus tard le concile Vatican II révèlerait et approfondirait : une nouvelle vision de la vocation des laïcs et de leur place dans l’Eglise. Il était confié à tout baptisé-confirmé un apostolat différent et aussi important que celui des prêtres. Etre saint n’est pas facultatif. Nous sommes tous appelés à devenir saint, c’est-à-dire un disciple et un ami de Jésus. Être saint, ce n’est pas faire des choses extraordinaires, mais de faire des choses ordinaires avec un amour extraordinaire. Marthe, comme une personne handicapée profonde, ne pouvait rien faire, mais elle était présence d’amour à Dieu et présence d’amour aux autres. Marthe était spécialement touchée par les enfants atteints de trisomie et leurs parents. Elle-même avait accepté d’être la marraine d’un petit Georges-Michel "mongolien" – comme on le disait à l’époque, en 1950. Il était mort à l’âge de trois ans. Elle avait eu la vision de ce tout-petit et d’autres avec lui qui accompagnaient la Vierge dans son Assomption. Elle avait été très douloureusement frappée par la loi sur l’avortement qui autorisait la suppression de l’enfant handicapé jusqu’à la veille de sa naissance.


En quoi peut-elle aider aujourd'hui les personnes handicapées et leur famille, les personnes qui souffrent ?


On peut encore se tourner vers elle aussi simplement que si elle était encore sur la terre, lui confier tous nos soucis, nos problèmes les plus graves mais également les plus modestes de notre quotidien. Une amie me confiait qu’elle l’avait appelée à l’aide un jour où débarquaient chez elle trois hôtes supplémentaires alors que le repas était prévu pour quatre personnes : "Marthe, aidez-moi à ne pas m’énerver, suggérez-moi ce que je peux inventer !" D’autres ont trouvé, dans la chambre de Marthe, la force de dire oui à la naissance d’un petit enfant sur qui on venait de diagnostiquer un grave handicap. Alors que va être votée la révision des lois de bioéthique, demandons-lui d’éclairer les membres de l’Assemblée nationale pour qu’ils aient le courage de défendre la vie des plus faibles parmi les faibles. Qu’avec les autres élus politiques, les chrétiens et les hommes de bonne volonté, ils s’engagent auprès de ceux qui connaissent l’épreuve du handicap et de leurs familles, qu’ils encouragent des oasis de paix et d’amour avec eux. Marthe a promis, lorsqu’elle serait au Ciel, qu’elle s’occuperait sans cesse de tous ceux qu’elle avait connus et de tous les autres. Si c’est la volonté de Dieu, que sa béatification soit hâtée afin que son intercession si douce et efficace soit proposée à toute l’Eglise et au monde entier. 
Marie-Hélène Mathieu, fondatrice de l'OCH


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